À la mi-juillet 2020, un nouveau chantier a été ouvert par le SMAVD en Durance. Initialement prévue pour après le 15 août, cette ouverture anticipée se produit en pleine période de reproduction et de nourissage des jeunes guépiers d'europe et d'hirondelles des rivages présents sur le site. Cette anticipation nous a conduits à déposer, dans l'urgence, un référé suspension dans le but de suspendre l'atteinte inacceptable à cette zone classée "Natura 2000".
Mais le fond du problème…
Le SMAVD invoque, pour justifier ces travaux d’aménagement qui sont sa raison d’être, les crues hivernales de 2019-2020, leur état de catastrophe naturelle reconnu par le ministère de l’intérieur et la nécessité de sécuriser des habitations de Puyvert.
Zone inondable
Toutes les terres de la commune de Puyvert situées entre le canal EDF et la D973 sont classées Territoires à Risques importants d'Inondations (TRI) et, donc, inondables de niveau moyen, par le très officiel site georisque.gouv.fr qui publie les cartes établies par le BRGMBureau des Recherches Géologiques et Minières
Service géologique national. Leur submersion par les eaux de Durance est donc prévue et n’a rien de catastrophique. C’est même, depuis son origine, un bénéfice immense pour l’agriculture qui a fait du lit de la basse Durance le "jardin de la France".
Ce qui est catastrophique c’est l’autorisation donnée de construire des habitations dans cette zone classée "Interdiction stricte".
Ce qui est catastrophique c’est la gestion actuelle du problème qui, plutôt que de suivre les directives pour un développement durable de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, soutenues par les fonds Barnier pour la relocalisation d’habitations menacées, préfère continuer le bétonnage des rives.
Ce qui est catastrophique, c’est cette politique locale, opposée à toutes les directives nationales et européennes, et qui nous conduit au bord du gouffre.
Catastrophe naturelle
Malgré le label « catastrophe naturelle » apposé par l’état, les dommages causés par les crues ont une origine qui est tout sauf naturelle. Le SMAVD établit l’historique des faits ayant conduit à l’état actuel (avant dernier paragraphe : « Quelle est l’origine du problème ? »)
Le principal élément est ce que le SMAVD appelle pudiquement « un important plan d’eau » mais qui était en réalité une carrière dans laquelle les matériaux ont été prélevés pour la construction des ouvrages EDF. L’eau étant tout simplement celle de la nappe phréatique mise à jour et ouverte à toutes les pollutions. En tout cas, rien de « naturel » !
Le nouveau tracé de la rivière, menaçant Puyvert, est dû au creusement du lit, conséquence de l’absence des limons et galets, capturés en amont par la carrière reprise par la Durance. Rien de naturel non plus !
Ce n’était sans doute pas son l’objectif mais, par cet article, le SMAVD met en évidence deux causes majeures de tous les malheurs de la rivière :
- L’extraction à outrance de matériaux du lit de la Durance entraîne et entraînera des catastrophes. Et bien au delà de la zone d'influence néfaste du SMAVD !
- L’aménagement par EDF du lit de la Durance qui a supprimé les crues ordinaires, capables de mobiliser les galets et de rétablir le fonctionnement « en tresses », entraîne et entraînera des catastrophes (rapport SOGREAH).
Malgré ces constatations, le SMAVD continuera de tolérer l’exploitation éhontée de la Durance, devenue une carrière à ciel ouvert, comme il continuera de considérer comme « normal » qu’une rivière soit privée de 90% de son eau et comme il continuera d'en bétonner les rives.
Traiter les conséquences plutôt que les causes, et ainsi contribuer à agraver les unes et les autres. Tout faux !
Pauvre Durance, victime de la dernière organisation à n'avoir pas compris qu'il faut redonner libre cours à nos rivières !