L'arbre de vie Durance est saigné à blanc par le détournement de son eau.
Décidé par la loi 55-6 du 5 janvier 1955, l'aménagement global de la Durance a été confié à EDF qui l'exploite. Cet aménagement est caractérisé par le détournement de l'eau de la rivière dans un canal usinier, depuis Serre-Ponçon et Sainte Croix du Verdon, jusqu'à l'étang de Berre.
Les diagrammes des débits avant et après détournement, illustrent la subordination de la gestion de la rivière et de son eau, à la production hydroélectrique.
Les affairistes exploitent l'assèchement de la rivière pour cultiver le mythe de la « rivière domptée » qui justifie l'urbanisation de son lit et l'ouverture de carrières à ciel ouvert dans celui-ciqui mettent- au jour les nappes alluviales entrainant leur abaissement et leur pollution.
Après 50 ans d'exploitation, les conséquences du détournement de l'eau de la Durance sont incontestables : totalement opposées aux objectifs du SDAGE 2016-2021, et les Directives cardes sur l'eau pour les eaux de surface, souterraines, littorales, ainsi que pour la sécurité.
Ces conséquences sont aggravées par le changement du climat et elles l'aggravent en retour.
NB. L'augmentation du débit actuel à partir de Mallemort, (bleu clair) est due à la restitution à la rivière, de l'eau indésirable dans l’Étang de Berre en vigueur depuis décembre 2006. Cette limitation des rejets dans l'étang fait suite à la condamnation de la France par la Cour Européenne de Justice saisie par le mouvement associatif indépendant. Condamnation « pour la pollution massive et prolongée de l'étang de Berre par le centrale de Saint-Chamas » : infraction à la Convention de Barcelone.
Inventaire des méfaits du détournement de l'eau de la Durance.
Rivière dégradée, hors d'usages et nappes associées dégradées, eaux impropres à la consommation.
Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) suit et publie régulièrement l'état des nappes souterraines
Étang de Berre perturbé
Il reçoit encore 1200 millions de m³ par an, qui nuisent à la qualité marine de son eau.
Les 1200 millions de m³ d'eau douce jetés dans l'étang - et qui le dénaturent - sont eux-mêmes dénaturés, gaspillés, car ils ne servent qu'à la production de quelques KWh, hors toute autre fonction de l'eau.
Gaspillage gigantesque d'eau douce
1200 millions de m³ par an encore déversés dans l'étang, c'est 4 fois la consommation annuelle des 5 millions d'habitants la région PACA !
La Durance plus dangereuse que jamais
La « Société Grenobloise d'Études et d'Aménagements Hydrauliques », SOGREAH note que, privée d'eau, la Durance est plus dangereuse que jamais ; page 3 du rapport de juin 2001 : « les crues exceptionnelles restent proches de leur état naturel. L'absence de crues ordinaires les rend d'autant plus dangereuses ».
Le rapport SOGREAH est consultable sur Internet.
Même en dehors des crues, la Durance est plus dangereuse que jamais car elle est soumise à des « lâchers » qui perturbent gravement la vie aquatique et littorale de la rivière…
Bétonnage et endiguement effrénés
Circonstances aggravantes de l'insécurité : les aménagements en zones inondables et la construction de digues à un rythme effréné qui a permis d'établir un record du monde avec 3 km de digue pour 1 km de rivière…
Recul du littoral
La Durance aménagée n'apporte plus au Rhône les matériaux solides (70% du total charrié par le fleuve) avec lesquels le courant Provençalo-Ligure a construit le littoral méditerranéen. En 50 ans, pour la seule Durance, suivant les données concordantes de l'Institut de Géographie d'Aix en Provence et celles du « Rhône en 100 questions », le déficit est de 400 millions de m³ : une digue trapézoïdale de 200 m grande base, 100m petite base, 13 m de haut et 200 km de long… Résultat, le littoral recule, la mer avance dans les terres, de la Camargue aux Pyrénées Orientales. Menace permanente et avancée inexorable aussi longtemps que le charriage nourricier du littoral ne reprendra pas.
Spoliation des populations, de la Durance à l'étang de Berre
Facteurs complémentaires de dégradation.
Endiguements, aménagements en zone inondable, pollutions de l'eau, essartages dévastateurs, réduisent gravement la quantité et la qualité de la ressource en eau de Durance ; ils interdisent les loisirs dans cette rivière.
Le changement climatique ajoute ses méfaits à ceux de la gestion calamiteuse de la Durance et de son eau .
On trouve des dizaines d'études sur l'évolution de la ressource en eau en Provence Alpes Côte d'Azur. Elles sont corrélées avec le changement du climat et en particulier son réchauffement. Toutes ces études concluent à une diminution de la ressource brute. Commanditée par l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse, la dernière a été rendue publique en décembre 2014.
« Si rien n’est fait, le Rhône perdra 30 % de son débit d’ici 2050 à cause du changement climatique. Avec des conséquences désastreuses sur l’agriculture et le fonctionnement de l’industrie, et d’abord les centrales nucléaires. ».
La Durance fait partie du bassin rhodanien ; elle est incluse dans cette prévision : la prévision de réduction de l'étiage Durance est de 50 % en 2050. Voir Science et Vie nov 2015.
Les pouvoirs publics jouent le statu quo.
Aucun document public ne remet en cause le détournement de l'eau de la Durance.
Pire : pour sauver l'étang de Berre, certains préconisent de dériver le canal EDF depuis la centrale de Saint-Chamas, jusqu'au Rhône. Outre son coût prohibitif, ce chantier pharaonique détruirait de nouveaux biotopes et pérenniserait le détournement de l'eau de la Durance et ses méfaits mortifères. Il ne profiterait qu'au BTP…
Les pouvoirs publics du bassin Rhône engagent actuellement une démarche d'élaboration d'un « Schéma d'Aménagement et de Gestion de l'Eau », le SAGE Durance, prévu pour 2018. Première étape la constitution d'une « Commission Locale de l'Eau », une CLE, en 2017.
Feuille de route Durance 2016 – 2018 - DREAL Paca
Présentation de l'EPTB Durance - L'eau dans le bassin Rhône
Candidat à la participation à ces structures, L'Étang Nouveau a reçu pour réponse, de se rapprocher d'une structure associative « représentative »… En l’occurrence une structure qui ne préconise pas la mesure clé « la restitution de son eau à la Durance ». Et qui ne saurait donc nous représenter.
Il faut dire que ce « dégagement en touche » ne nous surprend pas. Déjà pour l'étang de Berre, notre revendication de réduction des rejets EDF ne plaisait pas aux tenants de la « dérivation ». Nous avons donc été exclus du « Groupement d'Intérêt Public pour la Réhabilitation de l'Étang de Berre », le GIPREB. Qui ne sert qu'à gaspiller l'argent public pour des études incessantes de la fameuse dérivation.
Et malgré cet ostracisme, nous avons contribué à la réduction des rejets EDF qui permet à l'étang de retrouver une vie marine. Une renaissance qui ne doit donc rien aux élus.