Pour nos anciens, la Durance faisait partie, avec le Mistral et le Parlement d'Aix, des « trois fléaux de la France ». Il est vrai que la rivière en crue arrachait des pans entiers de terres agricolesLire et relire Jean Giono - Hortense ou l'eau vive qui allaient constituer les plages de l'actuelle Occitanie. En contrepartie, elle déposait par ailleurs les riches limons qui ont fait de la basse Durance « le Jardin de la Provence ». Mais de cela, jamais personne ne s'est plaint !

L'arrivée d'EDF

La captation de 95% de l’eau de la Durance par la chaine hydroélectrique EDF a apporté à la Provence ses avantages énergétiques et a accru la sécurité d'approvisionnement en eau pour l'irrigation, l'industrie et la consommation domestique, mais elle insidieusement laissé s'installer le mythe de « la rivière domptée ». Avec la complicité des pouvoirs publics et des décideurs privés ! Plus d'eau en Durance, plus de danger ! On peut aménager !

Les Aménageurs du Val de Durance

Et on ne s'en prive pas, d'aménager, dans tout l'espace du lit majeur de la rivière , dans ces terres volées à l'agriculture où chaque nouvelle construction encourt le risque d'être emportée, avec ses occupants, par une prochaine crue. Inéluctable. Dans ces terres où la rivière avait libre court et où elle pouvait épandre ses crues, sans danger pour les populations et pour leur plus grand bienfait, puisqu'elle y déposait ses limons fertiles. Chaque nouvelle construction, chaque nouvelle route, chaque nouveau parking imperméabilise les sols et aggravera immanquablement les prochaines crues.

Les crues exceptionnelles

La Durance en crue le 13 janvier 1994
La Durance en crue le 13 janvier 1994

Si le discours officiel s'ingénie à masquer le risque lié aux crues de la Durance, c'est précisément parce qu'il existe. Et personne ne peut l'ignorer !
En effet, la « Société Grenobloise d'Études et d'Aménagements Hydrauliques, SOGREAH note que, privée d'eau, la Durance est plus dangereuse que jamais ; page 3 de son  rapport de juin 2001  : les crues exceptionnelles restent proches de leur état naturel. L'absence de crues ordinaires les rend d'autant plus dangereuses ».
Avertissement confirmé en 2002 par le Rapport sur la Durance, rapport Balland-Huet , qui note en page 9 : « l'aménagement devient transparent pour les grandes crues, ce qui signifie que ce lit, le plus souvent déserté par l'eau, est susceptible cependant de connaître de profonds bouleversements auxquels est associé un risque important vis-à-vis de la sécurité publique. »
Depuis 2001, beaucoup de constructions, beaucoup de bétonnages ont accentué cette dangerosité.

Changement climatique

Depuis des années, également, intervient un changement climatique que plus personne n’ose nier. On le constate, la brutalité du climat se traduit par des sécheresses inédites et des précipitations amplifiées et concentrées. La sécheresse durcit et imperméabilise les sols qui n’absorbent plus le ruissellement qui viendra brutalement gonfler la rivière.

Déforestation

Les centrales électriques biomasse projettent la déforestation massive de tout le bassin versant. Les forêts qui servaient de tampon entre la pluie d’orage et la rivière disparaissent.

La crue exceptionnelle est en chemin…

La rupture de barrage

Carte DREAL 2017


Depuis la catastrophe de Malpasset, consécutive à une crue, la région PACA a été épargnée par ce type de drame. En conclure que le risque serait aujourd’hui inexistant serait une grave erreur. La DREAL, service de l’état, publie des cartes de prévision des zones atteintes par « l’onde de submersion consécutive à la rupture de l’un des barrages de la région PACA ». Édifiant ! Même, et surtout, pour le barrage de Serre-Ponçon. Des habitants riverains de la Durance entre Sisteron et Saint Auban ont été informés de cette éventualité, un site refuge leur a été donné et un délai pour s'y rendre : 7 minutes !
Depuis avant même sa réalisation, l’idée a été répandue cet ouvrage étant un « barrage-poids » ne faisant donc appel à aucune caractéristique mécanique autre, précisément, que sa masse, sa rupture sous la pression de l’eau retenue était impossible. Il n’en est rien :

Effet savonnette

C’est bien une action mécanique qui maintient le barrage en place, l’adhérence entre le corps de l’ouvrage et le sol. L’hypothèse de l’introduction d’un film d’eau entre ces deux éléments doit être retenue. Elle peut intervenir pendant un séisme, même de faible amplitude ou, plus insidieusement, tout simplement avec le temps. Ce film liquide est capable de modifier la valeur de l’adhérence en deçà de sa valeur critique et de précipiter le glissement de la totalité de l’ouvrage. L’effet « savonnette.

Débordement

Le débordement du barrage est totalement proscrit. Il entrainerait le ravinement de la terre constitutive de l’ouvrage et son érosion rapide, jusqu’à sa rupture. Toutes les précautions ont été prises dans ce sens à la construction… il y a 70 ans ! Depuis, les conditions météorologiques ont changé. Un phénomène exceptionnel en haute Durance et Ubaye alors que le lac de retenue est à son niveau maximum risque bien de saturer le dispositif de sauvegarde calculé avec les données de 1950 !

Le risque nucléaire

Le centre de recherche ITER, à Cadarache, outre qu’il est situé en zone sismique, se trouve sur la trajectoire de l’onde de submersion en provenance de Serre-Ponçon, additionné de celles de toutes les retenues intermédiaires, et qui sèmera la mort nucléaire sur 150 km, jusqu’à Avignon, Arles, jusqu’en Camargue, en Crau et en Méditerranée. Toutes les conditions sont réunies pour LA catastrophe qui rayera le sud-est de la France de la carte des zones habitables. « L’accident » de Fukushima était impossible…

Un seul élément de cet inventaire relèguera le fléau de nos anciens au rang de l’anecdote !